En guise de préambule

Je ne sais pas trop comment présenter ce que je prévois comme une accumulation de textes, parce que pour le moment je n'en ai écrit que trois et, bien qu'ils ne soient pas totalement sans liens les uns par rapport aux autres, ils ne s'inscrivent pas non plus sous un thème réellement commun. En cette fin d'année 2014, je commence à publier, sans fréquence préétablie, sans cadence prédéfinie et, surtout, sans aucune idée de ce qui va se jouer sur les pages qui viendront à la suite de celle-ci. Je verrai. Ceux et celles qui me suivront verront.

J'ai décidé récemment d'écrire régulièrement. Je ne sais pas vraiment ce qui me pousse à entreprendre une chose pareille ; je ne cherche pas sérieusement à le savoir, en admettant que cela soit possible ; je me contente de m'en tenir à cette décision et donc d'écrire. Je ne vise pas le prochain prix Nobel de Littérature. Je n'ai rien du graphomane, genre d'individu que je n'apprécie pas du tout. Je tente simplement d'apprendre jusqu'où je pourrai aller en me lançant dans cette sorte d'aventure qui, en réalité, me semble être la seule possible et, certainement, la moins stupide de toutes.

Je sais, par expérience, qu'écrire en présumant qu'une personne sera amenée, presque par hasard, à lire le texte fini me facilite sa composition, tout en me contraignant à prendre relativement soin de ce que je rédige, car je tiens à ne pas trop endommager l'estime que j'ai pour l'auteur de ces lignes, le seul type sur lequel je peux véritablement compter.

J'ai cru longtemps que l'on pouvait écrire pour soi, mais, aujourd'hui, je ne le pense plus. Aussi, parce que je n'ai personne, ou presque, à qui faire lire mes textes, j'imagine qu'en les publiant sur le Web, ils trouveront des yeux pour suivre, de la gauche vers la droite et du haut vers le bas, les séries de signes qui, en s'articulant les uns aux autres, tissent la trame de mon discours.

Mais, compte tenu de ma longue expérience concernant les pratiques ordinaires des internautes — francophones, en particulier —, puisque j'ai commencé à fréquenter le Web en 1998, je sais que l'idée d'avoir ne serait-ce qu'un seul lecteur, un homme, une femme, ou même un allien, est une idée qui relève plutôt du domaine de l'illusion, une idée qui entre dans le registre de la foi. Et justement, c'est cette espèce de foi, forcément inexplicable, qui fait que je mets en oeuvre ce projet : écrire et publier.

S'il y a bien quelque chose que l'avènement de l'Internet à pu permettre, c'est cette possibilité de donner à lire, à voir, à entendre publiquement toute une production intellectuelle que seuls les auteurs les plus déterminés — et, encore ! — parvenaient à verser, auparavant, sur la place publique. Alors, pourquoi ne pas se saisir de cette chose-là ? Car il faut vivre avec son temps tout en le détestant, comme il se doit. Putain de civilisation !

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 REGISTRE DES TEXTES 

 A L'Ombre Du Grand Sycomore